lundi 19 septembre 2016

Le Teckel de Todd Solondz

Pouah ! J'ai détesté ce film et je vous dis pourquoi…

Pour être vendeur, le synopsis présente ce film comme cela : C'est le portrait d'un teckel et tous ceux auxquels il apportera un bref instant de bonheur.  Que voilà un gros mensonge ! Ho, bien sûr, le Teckel passant de cages en bras et de bras en laisse, est le témoin de la vie de ses maîtres furtifs.
Des maîtres sombres, méchants, cynisme, cruels, dépourvus d'amour qui le nomment "Saucisse", "P'tite crotte" ou encore "Cancer" !

Je pose la question : pourquoi Todd Solontz avait-il besoin de ce pauvre chien ? Quels comptes avait-il à régler avec les chiens ? Il y avait bien d'autres manières scénaristiques pour lier entre elles les saynètes de ce film à sketches. Julie Delpy, fidèle à ses choix de rôles, véhicule des sentiments profondément malsains et durs. Danny DeVito est pathétique dans ce personnage de looser. Seule, Greta Gerwing montre de la compassion.

Todd Solondz dit "Je n'avais jamais fait de film sur les chiens". Je le rassure : il n'en a toujours pas fait !


Le Teckel de Todd Solondz 
Ma conviction profonde est que le réalisateur n’aime pas les animaux, les chiens. Et quand bien même, il les aimerait, à coup sûr, il ne les connaît pas, ne s'intéresse pas à eux, les prends pour des objets. 
Il lui aura sans doute échappé, que de nombreux pays dont la France (après bien des combats) ont adopté une loi qui reconnait aux animaux sensibilité et sentiments.  (j'invite Todd Solontz à aller sur ma page Facebook pour voir tout ce que je publie à ce sujet, mais je le prendrais pas comme ami, le voilà prévenu). 
Dans ce film, ce pauvre teckel n'est qu'un faire-valoir muet et sans âme des vilaines personnes qui croisent son chemin. Pauvre de lui !

En fait dans ce film, personne ne l’aime ce teckel. Quand on aime, on prend soin. Dans ces images personne ne prend soin de lui. On est typiquement sur un USAGE de l'animal, sans compassion (sauf peut-être l'assistante vétérinaire), sans échange. Ici, tout le monde s’en fout et ne trouve de l’intérêt à partager du temps avec lui, que pour son bénéfice personnel.

Non seulement je n'ai pas aimé ce film mais je l’ai détesté, pour le message inconscient qu’il véhicule à l’heure où beaucoup se mobilisent pour la défense des animaux.

Encore, si cela avait été drôle mais, même pas !

Autre voie, si l’on se fie au verbatim du réalisateur, on pourrait imaginer qu’il règle ses comptes d’enfant. Si oui, il prouve que décidément on reproduit toujours les mêmes schémas.

"J'adorai les chiens et j'aimerais vraiment en avoir un. 
Le seul problème est que je n'aime pas les sortir ou les nourrir, 
les laver ou devoir rester à la maison à cause d'eux. 
Quand j'étais enfant, ma famille a eu plusieurs chiens, 
mais ils n'ont jamais vécu très longtemps." 
Todd Solondz

Pour ce réalisateur, un chien semble être une chose vivante que l'on met en cage, que l'on stérilise (là je suis d'accord), qui chie (ce plan de 2 minutes - montre en main - sur la chiasse de ce pauvre teckel est insupportable de bêtise et de non-intérêt), qui se fait écraser (Ok je vous le dis. De toute façon c'est sans surprise) et sur lequel des camions et des voitures ne cessent de rouler jusqu'au générique de fin. 
Fin ! La seule bonne nouvelle de ce film.


Beurk ! Ce réalisateur est urticant… et son film ne vaut pas d'y aller ! Certains de mes confrères exultent. Sensible à l'intention sous-jacente pour laquelle les choses sont faites… perso, ça me dégoûte !

Ne vous fiez pas à cette jolie image du film Le Teckel de Todd Solondz, c'est la seule !



mardi 11 août 2015

Mission Impossible « Rogue Nation » et Absolutely Anything : les deux faces d’un même talent, celui de Simon Pegg !

À 45 ans, le British Simon Pegg cumule les talents : acteur, humoriste, scénariste, producteur, chanteur et réalisateur. Dans son passé récent, il est Scotty dans Star Trek  (2009), Dupont dans Les Aventures de Tintin, Le Secret de La Licorne, co-scénariste et acteur dans Paul – une fable hystérico-extra-terrestale que nous avions adorée (cf : lire notre critique), Montgomery Scott dans Star Trek Into Darkness…
Il sera le scénariste de la suite de Star Trek Into Darkness, réalisée par Justin Lin et prévue pour 2016.
Là, maintenant, tout de suite, sortie le 12 Août, il est pour la troisième fois, Benji Dunn aux côtés de Tom Cruise dans Mission Impossible, Rogue Nation et Neil Clarke dans Absolutely Anything de Terry Jones, encore un film où les extra-terrestres jouent un rôle important.



Drôle de bonhomme que ce Simon Pegg, qui même au fin fond du plus haut climax de Mission Impossible, ne peut se départir d’un « fond » comique, sans doute hérité de sa passion pour le stand-up et de l’usage immodéré de situations cocasses pour nous faire rire. Dans Mission Impossible, ce talent fait mouche, il donne au film une dimension millième degré, bien utile pour compenser les hallucinantes et invraisemblables situations où Tom Cruise (mais qu’a-t-il fait à ses yeux ?) sauve le monde ! Je ne vous raconterai donc pas les complications inimaginables du scénario, elles sont sans intérêt et seulement prétexte à l’action ainsi résumée : Soutenu par Benji Dunn, quand il ne fait pas de conneries et la sculpturale Rebecca Ferguson prompte à retourner sa veste, Ethan Hunt doit combattre une organisation criminelle qu'il surnomme « Le Syndicat »1.
Si on n’aime pas on n’y va pas, n’empêche, Mission Impossible Rogue Nation, se laisse savourer avec les délices dus au film de genre, ici parfaitement réussi.



Petit résumé des MI

Titre                                     Année    Réalisateur                        Acteur              Musique*                  Budget                       Total box office
MI1                                      1996       Brian De Palma             Tom Cruise         Danny Elfman             78 000 000 $             456 481 886 $
MI2                                      2000       John Woo                                                   Hans Zimmer            125 000 000 $             546 209 889 $
MI3                                      2006       J. J. Abrams                                                Michael Giacchino   150 000 000 $             397 501 348 $
MI4 - Protocole Fantôme    2011       Brad Bird                                                    Michael Giacchino   145 000 000 $             679 400 000 $
MI5 – Rogue Nation           2015       Christopher McQuarrie                               Joe Kraemer
  
* La musique est composée à partir du thème original créé par Lalo Schifrin pour la série TV dans les années 1960.


Absolutely Anything

Neil Clarke, un enseignant désenchanté, amoureux de sa voisine du dessous qui sait à peine qu'il existe, se voit attribuer par un conseil extraterrestre le pouvoir de faire absolument tout ce qui lui passe par la tête. Neil l'ignore mais la manière dont il va se servir de ce nouveau pouvoir va dicter le destin de l'humanité. Un seul faux pas de sa part et les extraterrestres anéantiront la planète Terre.

Absolutely Anything est né dans la tête de Terry Jones, un ancien membre des Monty Python, il y a fort longtemps.  Il s’est inspiré d’une nouvelle de H.G. Wells, écrite à la fin du 19è siècle, intitulée : « L’homme qui pouvait accomplir des miracles ». Pour Simon Pegg, travailler avec Terry Jones et les autres Monty Python qui sont ses héros comiques, représentait une chance à saisir.  Dès la lecture du scénario, il est conquis et tombe sous le charme de ce prof à la ramasse qui rêve de devenir un immense écrivain sans en avoir l’audace et les moyens. Quand il se retrouve en possession de pouvoirs extraordinaires, il va en user pour son bénéfice personnel, faisant en cela courir un risque énorme à la planète Terre toute entière. Mais comme il l’ignore, il va se lancer dans la conquête de sa voisine dont il est amoureux. Autant de prétextes à une franche rigolade et à des gags inoubliables, sympathiques et inventifs très réussis dont Dennis le chien est un support particulièrement actif (avec la voix du très regretté Robin Williams).

Il faudrait être difficile pour bouder son plaisir. On rit beaucoup avec Absolutely Anything !

mardi 16 juin 2015

Miss Hokusai, un film d'animation japonais de Keiichi Hara

©La Vie Est Belle Voyages ©SCREENscopie
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Bonne nouvelle :  Miss Kokusai a reçu le 20 juin le Prix du Jury au Festival International du film d’animation d’Annecy 2015. Ce Prix a été décerné à l’unanimité par un jury entièrement féminin composé de Marge Dean (réalisatrice), Guillemette Odicino (journaliste), et Valérie Schermann (productrice), à Miss Hokusai 
« pour sa célébration magnifique d’une femme indépendante et du pouvoir de l’art et pour sa créativité »

Vous aimez le Japon ? Vous aimez l’art des estampes ?  Vous aimez Hokusai* ? Vous aimez l’humour un poil vaurien et les mauvais garçons ? Vous aimez les dessins animés japonais ? 
Miss Hokusai est pour vous.

En 1814, Hokusai est un peintre dont l'oeuvre est connue dans tout le Japon. Il vit à Edo -l’actuelle Tokyo- avec sa fille. Ces deux solitaires sont passionnés par leur art que chacun maîtrise à divers niveaux. Lui, est maître dans les tracés et les compositions. Elle, excelle à dessiner les femmes et les dessins érotiques.
Leur maison est un taudis. C'est un atelier entièrement dédié à l’art où le « fou du dessin » couvre des planches de dessins. O-Ei, sa fille l’aide et à quatre mains, ils réalisent des œuvres aujourd’hui célèbres sur toute la planète.
Le film raconte cette incroyable saga artistique grâce à un focus sur O-Ei, une femme étonnamment libre pour l’époque et pour le Japon !

De nombreux personnages secondaires nous attachent à cette relation père-fille troublante.

 Miss Hokusai - ©La Vie Est Belle Voyages ©SCREENscopie

Fruit de la collaboration entre Keiichi Hara et le studio d’animation I.G., ce film a été distingué en 2011 au Festival d’Annecy où il est en sélection officielle et en compétition en 2015.

Miss Hokusai se déguste comme un thé fumé dans une porcelaine japonaise dont il a la finesse, la subtilité de trait et l'art d'un récit alternant entre

l'éclatant à l'obscur.

Judith Lossmann

© 2014-2015 Hinako Sugiura - MS.HS / Sarusuberi Film Partners

 Miss Hokusai - ©La Vie Est Belle Voyages ©SCREENscopie



* Récemment l’exposition Hokusai au Grand Palais (1er oct-20 novembre, 1er déc.-18 janvier) a connu un immense succès, avec plus de 200.000 visiteurs.

Miss Hokusai de Keiichi Hara, en salles le 2 septembre 2015.

lundi 25 mai 2015

LOIN DE LA FOULE DÉCHAINÉE, un film de Thomas Vintererg

Le livre dont le film est adapté a 140 ans et selon la formule consacrée, il n'a pas pris une ride, tant l'oeuvre de Thomas Hardy était visionnaire et moderne pour l'époque.

Loin de la foule déchaînée. ©La Vie Est Belle Voyages © This Is Legit

En Angleterre, à la fin du XIXème siècle, Bathsheba Everdene se bat contre les éléments pour tirer une maigre pitance de sa petite ferme. Un berger, Gabriel Oak, l'admire en secret et un jour ose lui proposer d'unir leurs forces dans un mariage que la belle refuse au prétexte que Gabriel est bien plus aisé qu'elle.



Quelques mois plus tard, Bathsheba Everdene, hérite d'une immense ferme léguée par son oncle. Elle va diriger cette ferme d'une main de maître.
Quand Gabriel se présente et  lui demande un travail. Elle l'embauche, informée du drame dont il a été frappé.
Entre eux, l'attirance est évidente mais le respect des conventions sociales est un frein insurmontable. Pour autant, en femme moderne, elle aimerait réussir à se marier par amour plutôt que par convention.
Sa force, son indépendance et sa beauté séduisent les hommes : le noble et honnête berger Gabriel Oak, le riche propriétaire terrien William Boldwood et le séduisant et effronté Sergent Troy.
Tiraillée entre ses trois prétendants elle décide de n’écouter que ses sentiments. Et ses sentiments vont l'entraîner à sa perte et peut-être à la perte de toute sa fortune.

Ce que j'en pense : Esthétiquement, un film superbe. Des images et des lumières travaillées. Des acteurs parfaits. Une belle histoire d'amour contrariée. Mais que cette Bathsheba m'a "épuisée" avec ses atermoiements, ses aller-retour incessants, sa jalousie infondée. Elle se révèle capricieuse, inconstante et dans certaines circonstances totalement stupide. À bafer ! Et pas de doute, c'est exactement ce que pense Gabriel.
Un film romantique et social parfaitement réussi donc !

Loin de la Foule déchaînée (1h58), sortie de 3 juin avec : Carey Mulligan,  Matthias Schoenaerts, Michael Sheen, Tom Sturridge 


Le film est l'adaptation du chef-d'oeuvre de Thomas Hardy chez Archipel Poche

Thomas Hardy
Loin de la Foule déchaînée chez Archipoche
LOIN DE LA FOULE DÉCHAÎNÉE
Archipoche, parution le 7 mai 2015, 480 pages,
7,65

Thomas Hardy a créé l’une des grandes héroïnes de la littérature mondiale dans son roman «Loin de la foule déchaînée» et imaginé une histoire d’amour d’une grande ampleur romanesque. D’une modernité frappante, même aux yeux des spectateurs contemporains, Bathsheba Everdene est d’abord une simple fille de la campagne qui hérite de la ferme de son oncle à l’époque victorienne, puis s’impose comme une femme insoumise et intrépide, capable de choisir son destin. Elle est entourée – et déconcertée – par de nombreux prétendants : Gabriel Oak, honnête fermier, le séduisant soldat Troy, et le riche propriétaire terrien Mr. Boldwood. Mais tandis qu’elle connaît successivement la passion, l’obsession et la trahison, elle devra trouver sa propre voie, conquise de haute lutte, afin d’obtenir ce qu’elle désire le plus ardemment.
Grâce à la beauté et à l’humour caustique de Bathsheba, le roman de Hardy reste l’un des plus populaires de tous les temps. Depuis sa parution en 1874, il a donné lieu à de très nombreuses transpositions au théâtre comme au cinéma, et Bathsheba a même inspiré à l’auteur de HUNGER GAMES, Suzanne Collins, le nom de sa protagoniste, Katniss Everdeen.







jeudi 2 avril 2015

DARK PLACES, un film de Gilles Paquet-Brenner

Adaptation réussie du roman à succès de Gillian Flynn, Dark Places est le bon film à voir ce mois d'avril.


Les crimes fascinent. Au Kill Club, une bande d'enquêteurs amateurs tentent de résoudre des affaires. Dans ce groupe, quelques personnes sont convaincues de l'innocence de Ben, meurtrier à l'âge de 16 ans de sa mère et de ses deux soeurs. Une seule survivante Libby a tout vu. Son témoignage a envoyé Ben en prison, il y a 28 ans déjà. Au Kill Club, on invite Libby pour l'interviewer et essayer de sauver Ben de la prison à vie. Il ne reste que quelques semaines avant que les archives soient détruites et avec elles tout espoir d'un nouveau procès.
A Kansas City, Libby, 35 ans, tente de respirer avec une paille et est sur la paille. Pour quelques centaines de dollars, Libby accepte de les
rencontrer. Parviendront-ils à lui faire voir les choses sous un autre jour ? Peut-être mais il lui faudra en passer par une nouvelle analyse des évènements qui se sont produits ce soir-là.

Dans de beaux mouvements de caméra et quelques effets de couleurs, le film oscille en permanence
entre la nuit du drame (en 1985), les quelques jours qui l'ont précédé et aujourd'hui.
Patty Day, la mère de Ben et de Libby s'efforce, seule, de faire vivre ses enfants, de les éduquer parfaitement, de conserver la ferme familiale et de s'éloigner de la toxicité de son mari, un alcoolique violent. Malheureusement pour elle, le pays traverse une crise agricole dévastatrice et la banque va saisir la maison.
Ben, le seul homme de la famille est un gosse de 16 ans, un peu taciturne, grandit sans père, sans références masculines. Il devient un homme malgré lui avec ses désirs et ses émotions contrariées.  Il adore sa petite soeur Libby - qui le lui rend bien - et plonge comme un gamin de son âge dans un culte satanisme très à la mode en 1985.
Parallèlement, le directeur de l'école de Ben appelle Patty. Ben se serait livré à des attouchements sexuels sur les jeunes élèves de son lycée.
Dans sa belle maison luxueuse, Diondra, la petite amie officielle de Ben, l'attend en caressant son ventre rond. Elle et enceinte ! De qui ?
Dans les champs, des gamins testent leur courage et leur virilité en tuant des animaux à coups de hache.
Dans les bars, les pauvres travailleurs agricoles picolent pour oublier qu'ils n'ont plus de boulot.

Thriller, mystère, drame humain, conflit social… Il y a tout dans ce film. Tout et surtout Charlize Theron. Subjuguante, désaxée, inquiète, fragile. Mais comment fait-elle pour être hideuse dans Monster, la plus belle femme du monde dans ses pubs TV et trouble, glaciale et profondément traumatisée dans Dark Places ?
Judith Lossmann



Sortie le 8 avril - Dark Places (1h53), un film de Gilles Paquet-Brenner, avec Charlize Theron, Nicholas Hoult, 
Chloé Grace Moretz, Tye Sheridan, Corey Stoll, Christina Hendricks.

lundi 16 février 2015

THE VOICES de Marjane Satrapi

Les films de Marjane Satrapi sont toujours des surprises. Celui-ci n'échappe pas à la règle. Toute la question est : bonne ou mauvaise ? La surprise !


Au début, la surprise est plutôt bonne sans être exceptionnelle. On assiste à la vie d'un jeune trentenaire, Jerry un être singulier, qui parle à ses animaux : un chien et un chat, lesquels  lui répondent. Oui, oui, vous avez bien lu ! Il est magasinier dans une fabrique de literie et "kiffe" bien une jeune comptable fort sexy. Heureusement, chargés d'organiser le picnic annuel de la société, ils vont pouvoir se rapprocher. Heureusement… car le garçon est plutôt démuni question ressources de drague.



Début du second tiers. La surprise est bien réelle mais plus bonne du tout. Promenade romantique impromptue. Jerry emmène la belle Fiona dans une balade nocturne dont je ne veux rien vous dévoiler… sauf qu'à partir de ce moment-là, on comprend que le film se lit grâce à deux objectifs : celui qu'utilise Jerry et celui qu'utilisent tous les autres, vous spectateurs compris. S'engagent des séances - disons gores -, un peu flippantes et très sûrement dégueulasses. On se questionne : tout cela est-il vraiment obligatoire ? On a envie de quitter la salle…


Ensuite. Et bien ensuite, on est scotché au fauteuil car on veut connaître la fin. Y aura-t-il une morale, une justice ou pas ? La vision très personnelle de Jerry prend le dessus et l'on vit, simultanément avec lui, son passage de psychopathe à serial-killer amoureux de l'intérieur et c'est fort intéressant, forcément questionnant.



The Voices mêle les genres. 
Film de tueur en série, comédie musicale, comédie romantique. C'est déstabilisant. En fait, c'est tout simplement un film sur la schizophrénie et ses conséquences sur un homme heureusement sexuellement normal. Ce n'est pas un pervers. Du coup, il arrive à nous toucher. Impossible de détester ce type victime de lui-même.




Judith Lossmann

The Voices, un film de Marjane Satrapi avec Ryan Reynolds, Gemma Arteton, Anna Kendrick, Jacki Weaver.
Sortie le 11 mars 2015


dimanche 8 février 2015

SUITE FRANÇAISE, un film de Saul Dibb

Pendant l'été 1940, en France, Lucille Angellier dans l'attente de nouvelles de son mari prisonnier de guerre, mène une existence soumise aux desideratas de sa belle-mère.  L'arrivée de l'armée allemande dans leur village contraint les deux femmes à loger le lieutenant Bruno von Falk.

Suite Française ©SCREENscopie
Remettre le livre dans son contexte
Ce film est tiré du livre Suite Française, écrit par Irène Némirovsky, avant sa déportation à Auschwitz en 1942, où elle fut gazée par les nazis. Son mari, Michel Epstein lui-même déporté, avait confié une valise contenant les carnets d'Irène, à leur fille Denise Epstein. Convaincue qu'il s'agissait du journal intime de sa mère, Denise, s'est très longtemps refusée à en lire le contenu. Finalement, elle se penche sur les pages couvertes de la minuscule écriture de sa mère et découvre les deux premières parties d'un roman en cinq volets : Tempête en Juin (qui raconte en "direct live" l'exode de juin 1940). Le second, Dolce narre la vie des habitants de Bussy, un village près de Paris, soumis à l'occupation et à l'afflux de réfugiés. Le troisième, Captivité, ne contient qu'une ébauche de texte. Les deux derniers, Batailles et La Paix, ne sont que des titres jetés sur le papier ! Suite Française est le seul livre à avoir reçu le prix Renaudot à titre posthume en 2004.

Suite Française ©photo Steffan Hill

Suite Française ©photo Steffan Hill
Suite Française ©photo Steffan Hill
Le film
L'action du film se déroule en juin 1940 quand débute l'invasion allemande. Les Parisiens sont en exode. Ils cherchent refuge dans les campagnes. À Bussy, les habitants vont loger un bataillon allemand. Le jeune officier Bruno von Falk s'installe chez les deux femmes. Ce qui donne au film le regard d'Irène Némirovsky, un regard de femmes sur des évènements masculins. Ainsi voit-on s'organiser l'accueil des Allemands, la résistance, la délation, la collaboration…
Derrière les portes et fenêtres closes de la maison, Lucille et Bruno vont prendre conscience de leur attirance réciproque. Jusqu'où ira cette attirance et quelles en seront les conséquences ?

Un très beau film, magnifiquement interprété par des acteurs entièrement dévoués à leur personnages. L'histoire nous entraîne dans les affres de la guerre, fut-elle vécue, comme ici, d'assez loin. Ce sont les détails, les hypocrisies, les angoisses et les courages des habitants qui en décrivent le mieux le quotidien.

Judith Lossmann

SUITE FRANÇAISE, un film de Saul Dibb avec Michelle Williams,
Matthias Schoenaerts, Krstin Scott Thomas, Sam Riley, Lambert Wilson.

Sortie le 1er avril 2015

vendredi 6 février 2015

HUNGRY HEARTS, un film "ovniesque" de Saverio Costanzo

HUNGRY HEARTS… COEURS AFFAMÉS. C'est bien de cela dont il s'agit dans ce film hors norme dont il est difficile de dire si on l'aime ou pas, tant le sujet pourrait être inspiré de faits réels. Une certitude, il ne peut laisser personne indifférent. D'ailleurs en salle de projection, à la fin, chacun y allait de son commentaire. La fin choisie par le réalisateur ne parvenant pas à faire l'unanimité.

Hungry Hearts © Screenscopie

Ce que je peux vous dire sans déflorer l'histoire.

Quand Jude, un jeune américain, rencontre Mina, une jolie italienne, ils tombent instantanément fous amoureux, se marient. Si le lieu de leur rencontre (les toilettes vieillottes d'un restaurant chinois de banlieue) est peu glamour, il donne lieu à l'une des meilleures scènes comiques jamais tournées ces dernières années. Je défie quiconque de ne pas rire.

Passé cette scène d’introduction, réussie, drôle, efficace, on pénètre vite dans un monde qui met mal à l’aise.
La rencontre à peine consommée, Mina tombe enceinte. Une voyante lui annonce qu'elle porte un enfant indigo. La grossesse perturbe un peu la jeune femme mais dès que l'enfant paraît, Mina perd pied avec la réalité et entre dans un principe de surprotection qui va mettre la vie de son enfant en danger et son couple en quasi rupture.


Hungry Hearts © Screenscopie

Jude, dingue de son épouse et confiant dans un éternel savoir-faire de femme laisse faire jusqu'à une prise de conscience brutale et bien réelle : son enfant va mourir à cause des phobies protectrices de Mina.

Mina est une femme noyée dans l'amour obsessionnel de son enfant. Elle est en osmose, le choie, le gâte, prend soin de lui, le caresse. C'est une très bonne mère, une excellente mère… Alors, d'où viennent les démons qui l'habitent ?Comment d'une attitude positive et profonde, passe-t-elle sans s'en apercevoir de l'autre côté d'un miroir sans tain où ne se réfléchissent pas de pensées concrètes.




Pas distrayant, pas drôle, psychologiquement dur et terriblement addictif, le film pose avec force la question : "Et vous qu'auriez-vous fait ? Auriez-vous choisi d'intervenir ? Si oui, comment ?

Ne ratez pas ce film hors norme, parfaitement interprété par des acteurs extrêmement convaincants.



Judith Lossmann

HUNGRY HEARTS de Saverio Costanzo avec Adam Driver et Alba Rohrwacher. Sortie le 25 février 2015.

vendredi 14 février 2014

VALSE POUR MONICA, un film de Per Fly, absolument superbe !


Elle est belle, ambitieuse. Elle chante le jazz avec la voix profonde d’une big mama black. Elle va rencontrer les plus grands : Ella Fitzgerald, Miles Davies, Bill Evans. Elle est prête à tout sacrifier pour bâtir la réussite de ses rêves. Elle ? Monica Zetterlund, une légende suédoise du jazz. Tout est émotions dans ce film…

Valse pour Monica © La Vie Est Belle Voyages.

À peine son beau visage apparaît-il, qu’elle nous balance son incroyable énergie et son extrême sensibilité et nous scotche à l’écran. Comment fait-elle ? Quand elle chante, c’est simple, on est piégés, impossible de décrocher. Cette actrice, Edda Magnason, une parfaite inconnue -très ressemblante à Monica Z. nous affirme-t-on-, revêt avec une aisance déconcertante les traits dominants qui ont forgé la légende Monica Zetterlund : glamour et liberté d’esprit.
Valse pour Monica ©La Vie Est Belle Voyages

Qui était Monica Z. ? Une jeune fille suédoise qui rêvait plus haut et plus loin que les autres. Contre vents et marées, elle se bat et finit par toucher du doigt ses ambitions les plus intimes. Pourtant l’Amérique ségrégationniste va la repousser… Pourtant Ella Fitzgerald va l’humilier… Pourtant son père va tenter de l’entraîner dans la médiocrité de sa propre vie…
Il lui en fallu du courage à Monica Z. pour quitter son emploi de standardiste et se lancer sur les routes, abandonnant sa jeune enfant à ses parents.

Valse pour Monica ©La Vie Est Belle Voyages

 Mais le plus troublant au-delà du biopic fort bien réussi de cette légende du jazz suédois, Valse pour Monica pose la question épineuse de « qu’est-ce qu’être un artiste ? » La réponse est dans ce film. La jeune Edda Magnason, campe avec une vérité universelle les affres de la création artistique. Elle joue à merveille les plongées en terre inconnue, quand le déchirement intérieur, le besoin d’exprimer un sentiment, les forces secrètes se liguent pour expulser ce que l’on porte en soi jusqu’au cri final de la création. Irrésistible. Sa force de persuasion est si grande qu’on pense mourir avec elle, que l’on prie pour qu’elle résiste, que l’on pleure aux surprises que la vie veut bien offrir.
Valse pour Monica ©La Vie Est Belle Voyages

En un mot, un magnifique film à partager…
Ne le ratez pas, ce n’est pas un énorme blockbuster, je ne pense pas qu’il sortira dans beaucoup de salles alors mettez une alarme sur vos Smartphones au 19 mars pour être sûr(e)s d’entrer de belles vibrations.

Judith Lossmann

Valse pour Monica (1h51) un film de Per Fly avec Edda Magnason (Monica Zetterlund), Sverrir Gudnason, Kjell Bergqvist, Vera Vitali, Cecilia Ljung, Nadja Christiansson

mercredi 15 janvier 2014

ONLY LOVERS LEFT ALIVE, un film de Jim Jarmusch


Si ce film ne devient pas le film culte de toute une lignée de désabusés romantiques, je veux bien devenir une vampire !
Only lovers left alive, le dernier film de Jim Jarmusch - © La Vie Est Belle Voyages.

Only Lovers Left Alive ne s’adresse pas à tous les publics. Il est trop spécial, intelligent, cultivé, esthétique, abouti et mystérieux pour cela. Il est parsemé de pépites miraculeuses, que seuls les initiés, pourront savourer dans des domaines culturels aussi vastes que variés. Les personnages, Adam et Éve, lâchent avec une profonde tristesse des informations sur ce que sera probablement notre proche demain qui porte en lui, les germes d’un chaos planétaire organisé par l’homme. Après la guerre du pétrole, celle de l’air, celle de l’eau…
Only lovers left alive, le dernier film de Jim Jarmusch - © La Vie Est Belle Voyages.
Ils sont d’autant mieux informés que voici des siècles qu’ils observent depuis leurs cachettes les agissements des humains (les zombies selon Adam), leur pilonnage systématique du vivant et de la beauté, leur incroyable inculture, leur insensé irrespect, en un mot leur méconnaissance de la nature et du vrai. Mais surtout leur incroyable bêtise, celle qui leur fait croire qu’ils possèdent, avec la pauvreté de leur courte vie, le droit de tout détruire et de laisser le néant à leurs enfants.
Le retrait dans des cachettes quasi inviolables est le seul bouclier qu’Éve et Adam, un être profondément sensible, ont trouvé pour se protéger de l’affligeante crétinerie humaine…
Only lovers left alive, le dernier film de Jim Jarmusch - © La Vie Est Belle Voyages.
Les premières scènes sont architecturées comme des tableaux de Maîtres, où l’emporte la beauté des choses et des êtres, laissant cependant flotter un subtil malaise dans cette vision, à leur insu, de deux êtres magnifiques dans leur lâcher prise. Quand Éve, au visage si pâle qu’il semble prêt à disparaître dans la nuit, s’élance dans les rues de Tanger presque déserte, on devine qu’il y a urgence. Celle de boire.

À Détroit, dans une vaste maison, pleine à exploser d’instruments de musique, de guitares mythiques, de 33 tours, de livres, de tapis, Adam, reçoit la visite d’un zombie, puis déguisé en médecin de bloc opératoire, sort dans la nuit. Lui aussi, a une urgence : boire…
Only lovers left alive, le dernier film de Jim Jarmusch - © La Vie Est Belle Voyages.
Le film raconte l’histoire d’amour de ces deux êtres atypiques confrontés au danger qu’il y a  d’être vampires au 21ème siècle, siècle où l’on ne peut plus se contenter de mordre le cou d’un inconnu tant la garantie d’un sang pur, sain et non contaminé est devenu essentielle.

Only Lovers Left Alive est une métaphore éblouissante, un poème, un requiem pour la beauté, un film testament d’un monde définitivement éteint par les hommes eux-mêmes. Tout n’y est que grâce, raffinement, subtilité, fragilité. Mêmes les rues de Detroit, figées dans l’immobilité, l’absence et l’obscurité, deviennent des espaces-temps d’une grande beauté. Et je vous parle pas de la musique, ni de la perle musicale à la presque fin.

Par Dracula, que ce film est élégant !

Judith Lossmann
Exclusivement dans les salles de bon goût, le 19 février 2014

samedi 4 janvier 2014

Philomena, le nouveau film de Stephen Frears - À partir du 8 janvier 2014

Philomènal Judith Dench… Avec son air naïf, son inculture et ses douces marottes, Judith Dench nous entraine dans le sillage d’une mère en recherche de son enfant plus de 50 ans !

Philomena, le dernier film de Stephen Frears - © La Vie Est Belle Voyages.
Inspiré d’une histoire vraie, comme seule sait les fabriquer l’Irlande quand il s’agit de religion, le dernier film de Stephen Frears est une montagne d’émotions. En 1952, Philomena Lee, adolescente fait la connaissance d’un jeune tombeur. Elle en tombe amoureuse… on connait la suite. En 1953, dans une Irlande à près de 100% de catholiques pratiquants (rappelons que le droit de divorcer date de 24 novembre 1995 et que l’avortement pour toutes n’existe pas),pas question de se promener avec un gros ventre et sans mari. Philomena est envoyée au couvent de Roscrea où elle accouche d’un garçon. En compensation des soins prodigués, les soeurs (bonnes ?) exigent quatre ans de travail. À l’âge de trois ans, son fils, Anthony lui ait arraché. L’enfant part pour une destination inconnue.
Cinquante ans plus tard, elle a conservé secret son chagrin. Ayant épuisé tous les recours, elle finit par avouer à sa fille qu’elle a un frère quelque part. Avec l’aide de Martin Sixmith, un journaliste désabusé, un rien cynique, Philomena part sur les traces de son fils, devenu semble-t-il citoyen américain.
Que sait ce fils de sa mère ? Comment vit-il cette double nationalité ? Qu’est-il devenu ? Qui est-il ?

Le film répond à toutes les questions mais en laisse quelques-unes en suspend comme par exemple qu’est-ce qui a motivé les (bonnes) soeurs à agir comme elles l’ont fait ? Où est la présence de Dieu dans tout cela ? Comment continuer à croire ?


Croit qu’il en soit, Judi Dench campe à merveille cette femme simple, bourrée de bon sens, catholique convaincue esclave une vie entière de sa « faute ». Un merveilleux film où le rire s’appuie sur les larmes et inversement.

Judith Lossmann

Dans toutes les bonnes salles le 8 janvier 2014


mercredi 13 novembre 2013

TANTE HILDA, le dernier film de Jacques-Rémy Girerd

Ai-je aimé ou non ce film ? Telle est la question… sans réponse tant je suis partagée entre ce que j’ai vraiment apprécié et ce qui m’a ennuyée…

Si le sujet m’a intéressée, le traitement un peu foutraque du scénario a quelque peu gâché mon plaisir.
Je suis pourtant arrivée à la projection de presse pleine d’attente et remplie d’espoir. Traiter en animation de la mise à mort de la planète par les groupes de pétro-chimie mondiaux avait de quoi me satisfaire.

Tante Hilda grimpe vers les serres - ©Folimage - La Vie est Belle Voyages.

Et puis, cette Hilda (qui n’a de tante que le nom… un résidus d’ancien scénario où le réalisateur l’avait affublée de deux neveux, marmots si encombrants qu’ils ont disparu avec les versions successives), bref, cette Hilda est bien sympathique.
Et si Sabine Azéma (sa voix) s’est reconnue sur l’écran avec sa tignasse rousse, ses airs désinvoltes et sa drôle de démarche, qu’elle sache, Sabine, qu’elle n’est pas toute seule. Moi aussi, je me suis reconnue. Na !
En quelques mots… Hilda est une botaniste, pure et dure, passionnée par la nature. Tout là-haut sur sa montagne, elle maintient contre vents et marées, des serres (sorties de l’imagination d’un Gaudi) protectrices d’une flore en voie de disparition. Jusque-là tout va bien.

Tante Hilda et son amoureux, le savant fou - ©Folimage - La Vie Est Belle Voyages

Et  nous voici en virée dans le laboratoire d’un savant fou mais consciencieux, qui plus est, amoureux d’Hilda… qui vient d’inventer une plante qui pousse sans eau, sans engrais et sans respect ! On comprend bien que ça va partir en cacahuète.
Le savant fou arrête ses essais mais son adjoint va les récupérer au profit de la toute puissante Dolo (si les o vous font penser à Monsanto, ce film devrait vous plaire), dirigée de main de d’acier par Dolorès (voix Josiane Balasko), une obèse, bouffeuse de miel, réfractaire au moindre brin d’herbe, parfaitement odieuse et obsédée par le pouvoir. Une véritable méchante. La catastrophe n’est pas loin.

L’infâme Dolorès, PDG de Dolo. ©Folimage - La Vie Est Belle Voyages

Selon moi, c’est à partir de là que les choses se mettent à patauger. Qu’en est-il de la catastrophe annoncée ? Comment la juguler ? Quelles en seront les conséquences ? (trop farfelues…), Que vont devenir les personnages ?

Ce film n’est pas pour les enfants de moins 12 ans (ils ne vont pas tout comprendre), ni pour les adultes trop pressés, ni pour un public généraliste… Alors peut-être pour un public de niche ?
Dommage, car un boulot pharaonique a été abattu pour réaliser cette fable qui porte en elle des germes bien intéressants pourtant…

Allez le voir et dites-moi…

Judith Lossmann

Tante Hilda, sortie le 12 février 2014. Voix : Sabine Azéma, Josiane Balasko, François Morel